Les deux hommes de théâtre, amis de longue date, se sont beaucoup côtoyés et ont travaillé ensemble sur des spectacles d’horizons très divers.
En juillet 2021, Pas dans le cul aujourd’hui prenait vie sur les planches du Théâtre de l’Etoile du Nord. Il s’agissait d’une pièce tirée d’une lettre d’amour de Jana Cerna à son amant, le philosophe Egon Bondy dans laquelle elle refuse de se soumettre à la domination masculine. Au fil des pages, et donc des minutes de spectacle, elle l’invite à associer philosophie, littérature, art et sexe pour façonner un nouvel espace intime alliant sexualité et vie intellectuelle.
Incarnée sur scène par la talentueuse Natalie Beder, cette pièce était la dernière création, mise en scène par André Wilms, à l’étoile du Nord. Pour l’occasion, Hervé Audibert, complice de Wilms de la première heure, s’était chargé, comme de nombreuses fois auparavant, de la mise en lumière du spectacle.
Hervé Audibert, à la tête de l’atelier éponyme de conception lumières, depuis dix ans, a en effet débuté sa carrière comme éclairagiste de théâtre. Il a fait ses armes au Théâtre national de Strasbourg. Dans ce microcosme artistique et intellectuel strasbourgeois, il croise le chemin de nombreux metteurs en scène comme Jean Pierre Vincent mais aussi d’André Engel, Michel Deutsch ou encore d’André Wilms avec lequel il se lie d’amitié.
En 1988, André Wilms jusqu’alors essentiellement comédien et acteur passe de l’autre côté du décor et devient metteur en scène avec La Conférence des oiseaux de Mickaël Levinas jouée en première mondiale au festival international de Montpellier. Dix ans plus tard, Hervé Audibert et André Wilms travaillent ensemble sur Alfred, Alfred, au théâtre des Amandiers à Nanterre. Un opéra-comique et autobiographique en sept scènes et six intermèdes créé, trois ans plus tôt, par Franco Donatoni.
En 2002, c’est à la Colline, théâtre du 20e arrondissement de Paris qu’Hervé Audibert et André Wilms joignent leurs forces pour Histoire de famille. Une pièce tirée du texte de Biljana Srbljanovic, un auteur Yougoslave. Sur scène, quatre enfants jouent aux adultes et à travers onze tableaux, se confrontent à l’impuissance des êtres humains face aux bouleversements politiques.
Cette pièce met en exergue les citoyens d’un pays ruiné où violence et perversité sont indispensables à leur survie. Pour ce spectacle, Hervé Audibert a élaboré une mise en lumière adaptée aux onze tableaux qui rythment la pièce. Tantôt très blanche, tantôt plus chaleureuse ou inquiétante. Il s’agissait de faire de la lumière un compagnon de jeu des acteurs pour renforcer la violence gratuite et inexplicable des jeux d’enfants.
Quelques années plus tard, les deux amis se retrouvent autour d’une tout autre thématique : les Bacchantes d’Euripides, dont le spectacle est joué dans les murs de l’iconique Comédie Française, à Paris.
Ce spectacle, basé sur la mythologie et tragédie grecque, montrait le retour de Dionysos à Thèbes, sa patrie et la vengeance qu'il tire de ses tantes qui ont insulté sa mère Sémélé. Ou encore du roi Penthée, son cousin, qui refuse de reconnaître son culte. Dionysos jeune était interprété par le très célèbre Denis Podalydès. Il évoluait dans un décor décharné de Nicky Rieti, constitué de fragments de piliers qui, à l'instar des personnages, change au fil de la représentation. Les piliers vont tomber puis céder la place à un jeu de miroir permettant de montrer l’indicible de la pièce.
La mise en lumière, imaginée par Hervé Audibert, renforcait l'ensemble de la mise en scène et accentuait la polychromie aux tons industriels donnée à certains éléments du décor.
En plus de trente ans d’amitié, les deux hommes de théâtre n’ont cessé de se suivre de loin en loin pour mieux se recroiser dès que l’occasion se présentait.
Et aujourd’hui Hervé Audibert est orphelin de cette vie de théâtre partagée avec André.
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