top of page
Photo du rédacteurAtelier H.Audibert

Quelle est la place de la lumière dans les projets architecturaux ?

                                                                                                                                                                                                                                                                                                      La mise en lumière en architecture constitue un objet sensible qui évolue au fil de ses fonctions, des besoins des projets et des normes en vigueur. Au-delà de sa fonction première, elle peut façonner une impression d’espace, améliorer l’ambiance de l’intérieur, mettre en valeur des caractéristiques spécifiques ou des textures et des formes. Cet aspect de la mise en lumière a notamment été au cœur des enjeux de conception lumière pour Pressoria, centre d'interprétation des vins de Champagne à Ay, en Champagne par l’atelier H.Audibert. Chaque pièce présentait des spécificités qu’ils fallaient mettre en valeur pour rendre la visite confortable, agréable et cohérente. Mais pour l’atelier H.Audibert, la lumière c’est aussi autre chose. On lui confère une dimension poétique pour emmener le visiteur dans un espace propice à la rêverie, à l’imaginaire.


Pressoria à Aÿ

Cette manière d’envisager et de concevoir la lumière comme quelque chose qui donne à voir et emmène plus loin que sa fonction première, ne semble plus forcément parler à tous les interlocuteurs. De plus en plus, la lumière paraît uniquement reléguée à sa fonction première à savoir éclairer pour garantir la sécurité, le confort des usagers et la mise en valeurs de l’architecture et/ou des œuvres exposées.



On constate que dans certains projets, les budgets sont de plus en plus serrés et il arrive que pour cette raison, les coûts de conception lumière passent parfois au second plan. Avec ces restrictions budgétaires, les architectes se concentrent davantage sur les aspects plus fonctionnels du projet comme l’efficacité énergétique, l’isolation phonique ou thermique, la qualité des matériaux ou encore la solidité et la pérennité globale de la construction.


Il y a aussi les problèmes liés à l’environnement du projet et au contexte urbain dans lequel il s’inscrit, notamment en urbanisme. Il est nécessaire de tenir compte de toutes les normes et contraintes de la ville lorsqu’il faut par exemple encastrer des projecteurs dans le sol ou creuser des tranchées pour amener l’électricité alors qu’une route est déjà en place. Cela peut ainsi considérablement réduire le champ d’action des concepteurs lumière qui vont simplement devoir venir s’implanter par petites touches discrètes avec le moins d’impacts travaux possibles.


Enfin, on peut également noter un manque de sensibilisation et de connaissance de la réelle expertise des concepteurs lumières. Beaucoup d’architectes ou autres membres d’un groupement prescrivent parfois eux-mêmes les appareils pensant savoir réaliser une mise en lumière.  Cette familiarité avec la lumière est assez répandue dans la mesure où tout le monde dispose de lumière domestique chez soi et que compte tenu de cela, tout le monde pense connaître les différentes sources et témpératures de couleur. Pourtant tout le monde ne possède pas une sensibilité à la lumière ni la connaissance des normes d’éclairement requises, des besoins réels selon les pièces et leurs usages, ou de répondre fidèlement à la demande du clients en utilisant les bon appareils et principes pour aboutir à l’effet escompté. Dans un récent projet, l’atelier H.Audibert a notamment été invité à ne plus se charger de la mise en lumière d’un espace global parce que l’architecte d’intérieur souhaitait s’en charger lui-même. Le champ d’action de l'atelier a été réduit à un simple travail de bureau d’étude et de prescripteur de luminaires. Dans ces cas là, la lumière et les luminaires choisis par des architectes ou architectes d’intérieur prennent alors parfois la formes d’objets de design ou de décoration pour créer une atmosphère ou une ambiance particulière. Mais les architectes se confrontent  parfois à leurs limites et font appel aux concepteurs lumières pour rectifier le tir de la mise en lumière des espaces. Malheureusement, cette façon de faire est souvent plus onéreuse et ne permet pas de concevoir un projet lumière de qualité dans la mesure où  nous intervenons en milieu ou en fin de chantier . 


Remettre la lumière au centre des projets


 Une fois que l’on comprend un peu mieux comment la conception lumière a pu perdre ses lettres de noblesse, la question se pose de savoir comment la remettre au centre des projets, notamment architecturaux ?


L’architecte expert de la lumière naturelle : 

La conception autour de la lumière naturelle repose sur plusieurs points dont l’orientation du bâtiment en fonction de la course du soleil. La luminosité d’un bâtiment repose également sur les ouvertures et vitrages pour permettre à la lumière extérieure de pénétrer à l'intérieur du bâtiment. Enfin, le choix des matériaux est très important également. En optant pour des matériaux réfléchissants, cela offre une diffusion de la lumière naturelle dans les pièces qui en sont munies. Les architectes ont bien compris ces enjeux et sont particulièrement sensibles à son application dans la conception d’un bâtiment.




Le concepteur lumière expert de la lumière artificielle :

Il y a ensuite une nécessité à intégrer l’éclairage dit artificiel dès les premiers pas du projet architectural. Si le concepteur lumière est sollicité dès le début du projet, à savoir l’esquisse, cela permet de concevoir un éclairage adapté aux besoins du projet en fonction des normes en vigueur mais aussi du confort de l’usager et de créer différentes ambiances en fonction des usages et moments de la journée. La mise en lumière peut être dimmable ou programmable à l’aide de différents procédés comme le DMX ou le DALI mais il est aussi possible d’utiliser de la détection. Autant de techniques et technologies qui offrent une solution d’ajustement de l’intensité et de la colorimétrie de la lumière.

Brise lame à Grand Central Saint Lazare

Le concepteur lumière dispose de nombre de compétences et de connaissances en matière de mise en lumière. Il peut en effet proposer une approche bioclimatique de la lumière en tenant compte du climat, de la position géographique, des biomes et des saisons pour maximiser l’efficacité énergétique et optimiser l’apport de lumière. Par exemple, concernant le projet de Grand Central Saint-Lazare, l’atelier H. Audibert a utilisé des lames brise soleil sur la paroi extérieure vitrée afin d’éviter un apport trop important de lumière dans le bâtiment et donc l’éblouissement des usagers du site à cause de la réverbération tout en détournant son usages premiers pour une mise en valeurs de façade sobre et pilotable. 




La lumière est fonctionnelle mais elle dispose également d’un aspect esthétique indéniable. Les concepteurs lumières sont en quelque sorte les architectes de la lumière, ils en ont donc une connaissance accrue et peuvent proposer toutes sortes de solutions pour lui donner différentes formes et fonctions. La lumière peut ainsi parfois constituer une œuvre artistique en soi. Les concepteurs lumières ont en effet parfois l’occasion de candidater pour des 1% artistique des municipalités ou communautés d’agglomérations. L’atelier H.Audibert a notamment créé Pluie de lune, un arbre lumineux déployé à Lormont. Il s’agit d’un arbre en acier inoxydable équipé de fibre optique qui illumine une centaine de billes de verre. D’autres projets de 1% artistique ont été façonnés à l’atelier H.Audibert comme le Jardin d’Octopus à Amiens


Jardin Octopus à Amiens

Pour que les concepteurs lumière bénéficient d’une plus grande place et reconnaissance il est nécessaire de sensibiliser tous les acteurs d’un projet à leur travail et à son utilité. Il arrive malheureusement fréquemment qu’un concepteur lumière soit sollicité à la fin d’un projet lorsque le mandataire s’aperçoit qu’une mise en lumière pourrait mettre le projet en valeur. Il serait pourtant nécessaire et bénéfique que le concepteur lumière puisse prendre part à une collaboration multidisciplinaire dès la naissance du projet voire pendant sa gestation. Il est bénéfique que les architectes, les ingénieurs, les concepteurs lumière et les urbanistes échangent et se mettent d’accord sur la place fondamentale de la lumière dès le départ et que celle-ci la conserve, jusqu’à la livraison du projet.

Comme son nom l’indique, le concepteur se consacre à la mise en lumière. Il est donc chargé de tester les optiques, les finitions, intégrations, afin de répondre au mieux entre éclairage fonctionnel et éclairage architectural ou scénographique. A contrario, lorsqu’il n ‘y pas de concepteur lumière, l’architecte ou le BET technique doivent intégrer ces réflexions dans la production globale du projet et comme les luminaires représentent une part infime du projet architectural,  Ils sont souvent peu décrits et variantés sans réelle connaissance des produits ni des critères à prendre en compte.  


De plus, pour réaliser une bonne mise en lumière, le concepteur lumière ne laisse rien au hasard. Il utilise des logiciels spécifiques tels que Dialux, relux, radiance ou encore e-lum tools afin de réaliser des plans en 3D et de faire des études photométriques. Il s’agit de calculer les lux, en d’autres termes, les valeurs d'éclairement d’une pièce, d’une rue, de n’importe quelle surface ou encore les UGR (valeurs d'éblouissement)..etc . Cette mise en lumière adaptée et finement calculée doit être appropriée aux usages permet aux bâtiments de garantir le bien être des usagers et de bénéficier d’une meilleure performance énergétique. Respecter au mieux les normes et besoins en éclairage,  permet ensuite aux site de se voir attribuer des certifications comme LEED, WELL ou BREEAM. Grâce, entre autres, à la mise en lumière respectueuse et performante du centre commercial, Cap 3000 situé à Saint-Laurent du Var, la certification BREEAM a d’ailleurs été attribuée. 

Enfin pour réaliser une mise en lumière de qualité, il ne faut évidemment pas perdre de vue que la lumière s’adresse avant tout aux usagers et donc aux êtres humains. Au-delà de garantir une bonne visibilité, et  sécurité de tous, il faut s’assurer que la mise en lumière offre également confort visuel et bien être en mettant notamment tout en œuvre pour respecter le cycle circadien.


Conclusion

Par souci d’économie, le concepteur est souvent obligé de varianter le matériel ce qui dénature souvent la conception initiale. Pour ces mêmes raisons, il rencontre souvent des difficultés pour prescrire du “made in France”  et enfin, il parvient rarement à faire comprendre qu’un investissement supérieur lors de l’installation permet d’économiser sur la maintenance. Afin de (re)donner toutes ses lettres de noblesse à la mise en lumière, il paraît donc essentiel de la considérer comme un élément fondamental, au même titre que n’importe quel autre matériau qu’il faudrait inclure dès le début d’un projet. Fort de son expérience et expertise, le concepteur respecte les normes d'éclairage, de sécurité mais privilégie également une lumière naturelle, douce, adaptée aux usages, émanant de sources discrètes ou en tout cas pensées et harmonieuses dans un ensemble et surtout non éblouissantes. En respectant ces différentes règles et étapes, l'esthétique de l'ensemble du projet est largement améliorée mais également le bien être des usagers et la performance énergétique ou environnementale.


Dans l'ordre des photos:

© Boegly+Grazia, Ferrier Marchetti Studio, Interscene et Atelier H.Audibert.


Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page